Vendredi 24 juillet 1914

Dans le malaise, l’inquiétude générale, notre ville est en fête pour des raisons particulières : congrès de géographie, érection d’un monument à l’un des braves membres de la mission Marchand. Beaucoup d’animation, journées chargées : excursions, séances, dîners ; mais tout nous ramène aux préoccupations actuelles. L’optimisme domine. Jamais les menaces de guerre ne m’ont pourtant paru aussi sérieuses. À 8 heures, au théâtre, conférence sur : « Le Réveil du Monde slave ». Le conférencier rappelle un odieux propos, attribué à l’archiduc  : « Les Serbes sont un petit peuple fou. Nous le materons à coups de fouet. »

L’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand

Supplément illustré du Petit Journal, 12 juillet 1914. Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.

Supplément illustré du Petit Journal, 12 juillet 1914.
Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.

 

Le 28 juin 1914, à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine, l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie, est assassiné, ainsi que son épouse, par un jeune nationaliste Serbe, Gravilo Princip.
En quelques jours, par le biais du système des alliances, l’Europe bascule dans un conflit qui, au fil des semaines, va devenir mondial.Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.

François-Ferdinand de Habsbourg (1863-1914)

Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France, département Estampes et Photographies, N-2 (Autriche, François-Ferdinand).

Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France, département Estampes et Photographies, N-2 (Autriche, François-Ferdinand).

François-Ferdinand est l’archiduc d’Autriche et le prince héritier de l’Empire austro-hongrois. Son assassinat à Sarajevo, le 28 juin 1914, est l’élément déclencheur de la Première Guerre mondiale.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.


Samedi 25 juillet 1914

Invitation à souper chez les M. avec les , les , etc. Après le souper, un peu de musique ; mon répertoire de chants et d’airs de danse locaux a paru propre à distraire les hôtes étrangers.
Dernières nouvelles : et  viennent de se quitter sur un toast à la paix, et l’Autriche d’envoyer à la Serbie un ultimatum inacceptable.

La Galharda de Marguerite Genès. Partition. Archives municipales de Brive, 4 S 12/3.

La Galharda de Marguerite Genès.
Partition. Archives municipales de Brive, 4 S 12/3.

Douée d’une forte érudition, Marguerite Genès est poète, musicienne, et écrit en langue limousine aussi bien qu’en français des fabliaux, des contes, des nouvelles, des pièces de théâtre. Le papillon, la cigale et le grillon est l’une de ses fables, enregistrée le 26 août 1913 dans le cadre d’une enquête phonographique en Limousin.

Piste 1 :
Piste 2 (suite) :

Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France, département Audiovisuel, AP-634. Voir la traduction.

En savoir plus sur l’enquête phonographique

Robert de Lasteyrie (1849-1921)

Robert Charles de Lasteyrie du Saillant est un historien, archiviste et homme politique. Nommé d’abord aux Archives nationales, il devient professeur à l’Ecole des chartes (1880). Il est élu député progressiste de Brive (1893-1898). Membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, il est également président d’honneur de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze.

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Paul Labbé (1867-1943)

Grand voyageur, géographe et explorateur des pays russes (Sibérie, Mongolie, Turkestan), il est secrétaire général de la Société de géographie commerciale (1905-1919) et de l’Alliance française (1919-1935).

Nicolas II (1868-1918)

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 771.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 771.

Nicolas II est le dernier tsar de Russie.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.

Raymond Poincaré (1860-1934)

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 1939.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 1939.

Né à Bar-le-Duc (Meuse), Poincaré est le président de la République française durant la Première Guerre mondiale. Il est l’artisan de l’Union sacrée, expression invitant les Français à faire taire leur rancœur et à s’unir.

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Dimanche 26 juillet 1914

La fête bat son plein : foule, fanfares, pavoisements.
Les relations diplomatiques sont rompues entre l’Autriche et la Serbie.  voyage ; aussi.

Inauguration du monument au colonel Germain. Dans le square fleuri, où s’élève une tribune réservée aux autorités, le public, les sociétés se groupent, se pressent autour du monument. Marseillaise. Le voile tombe. Je revois, figé en bronze, l’explorateur africain que j’ai connu si vivant. C’est bien sa physionomie intelligente et résolue. On espérait que  viendrait, qu’il prendrait la parole. Mais systématiquement il est chambré.

le remplace. Tête et mâchoires carrées, cheveux en brosse, grosses moustaches, épais sourcils, regard dur, il n’a pas l’air sentimental. Pourtant, ému par le souvenir du bon camarade disparu, troublé aussi par ce nombreux auditoire, il tremble un peu. Sûrement, il aimerait mieux commander une charge que prononcer un discours.

Autres allocutions. Le secrétaire d’État, soucieux, a l’air de quelqu’un dont l’esprit a devancé le corps autre part. « L’heure est grave », dit Mangin en passant près de moi. Le Lorrain, devenu soldat d’Afrique, unit dans une même angoisse sa et sa grande patrie menacée.

Autour du square, baraques, jeux, orgues de barbarie. Qu’une fête foraine se mêle à la solennité d’aujourd’hui, cela me choque comme un manque de respect envers le héros disparu, et la mélancolie de mes souvenirs s’en accroît. Déjà entré dans le passé, ce soldat énergique que j’aurais si naturellement pris, au besoin pour défenseur ! Sa main robuste modérait sa pression pour ne pas meurtrir la mienne et cette menotte frêle dépose des fleurs sur sa tombe et sur le socle de sa statue !

L’inauguration du monument au colonel Germain

 

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 437.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 437.

Dimanche 26 juillet, Brive est effectivement en fête : dans le cadre du XXXIIe Congrès national des sociétés françaises de géographie (19-26 juillet 1914) – sous la présidence du comte  –, c’est l’inauguration du monument à la mémoire du colonel Germain.
Joseph Marcel Germain est né en 1865 à Maurs (Cantal) et passe une partie de son enfance à Brive. Après avoir réussi le concours de Polytechnique, il choisit l’artillerie de marine.
Dans le cadre de la conquête coloniale de l’Afrique et aux côtés de Marchand, dont il est le second, Germain participe à la mission Congo-Nil entre 1896 et 1899. Même si la mission Marchand – c’est l’autre nom qui lui a été donné – se solde par un échec face aux Britanniques, suite à l’évacuation du poste de Fachoda, au Soudan, elle a marqué les esprits. Le retour à Brive du capitaine Germain en 1899 est l’occasion de grandes manifestations populaires. En savoir plus
Promu entre temps au grade de colonel, il meurt en 1906 à Paris alors qu’il est chef de la section technique des troupes coloniales au ministère de la Guerre.Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.

Raymond Poincaré (1860-1934)

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 1939.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 1939.

Né à Bar-le-Duc (Meuse), Poincaré est le président de la République française durant la Première Guerre mondiale. Il est l’artisan de l’Union sacrée, expression invitant les Français à faire taire leur rancœur et à s’unir.

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Guillaume II de Hohenzollern (1859-1941)

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 841.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 841.

Né à Berlin, Guillaume II est le dernier empereur (Kaiser) allemand et le dernier roi de Prusse.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.

Jean-Baptiste Marchand (1863-1934)

Photographie. Archives municipales de Brive, 1 S 50/490.

Photographie. Archives municipales de Brive, 1 S 50/490.

Militaire et explorateur français, il est célèbre pour avoir commandé la mission Congo-Nil (1896-1899). Il quitte l’armée en 1904. Il reprend du service lors du déclenchement des hostilités. Il commande la 2e brigade coloniale puis la 10e division coloniale. Il est blessé grièvement deux fois à la tête de ses troupes. Il meurt le 13 janvier 1934.

Charles Mangin (1866-1925)

Ce Lorrain participe à la mission Congo-Nil sous les ordres de Jean-Baptiste Marchand. En 1910, il publie un ouvrage, La Force noire, qui préconise l'utilisation des troupes africaines dans le cadre d'un futur conflit européen. Colonel au début de la Première Guerre mondiale, il est promu général et s’illustre lors de la bataille de Verdun en 1916.

Général Mangin, 1915 (Agence Rol). Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France, département Estampes et Photographies, Rol, 44963.

Général Mangin, 1915 (Agence Rol).
Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France, département Estampes et Photographies, Rol, 44963.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.

Petite patrie asservie

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 844.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 844.

Évocation de l’Alsace-Lorraine cédée par la France à l’Allemagne en 1871.

Robert de Lasteyrie (1849-1921)

Robert Charles de Lasteyrie du Saillant est un historien, archiviste et homme politique. Nommé d’abord aux Archives nationales, il devient professeur à l’Ecole des chartes (1880). Il est élu député progressiste de Brive (1893-1898). Membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, il est également président d’honneur de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze.

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Lundi 27 juillet 1914

L’Autriche a déclaré la guerre à la Serbie. Le vieil n’est donc pas repu de tragédies ? Ou bien n’est-il qu’un macabre pantin entre les mains des partis militaires. Tout espoir n’est pas perdu : la France, l’Angleterre et l’Italie s’efforcent de maintenir la paix.

Le 28 juillet, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie – contrairement à ce qu’écrit Marguerite Genès – et le 6 août à la Russie. Entre temps, l’Allemagne en a fait de même, le 1er août, auprès de la Russie, le 3 août auprès de la France et le lendemain auprès du Royaume-Uni.
Les deux grandes alliances alors militaires en vigueur sont la Triple Entente, composée de la France, du Royaume-Uni et de la Russie, et la Triple Alliance, ou Triplice, constituée de l’Allemagne, de l’Autriche-Hongrie, de l’Italie et de l’Empire ottoman.Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.

La Croix de la Corrèze, 2 août 1914. Archives municipales de Brive, 8 S 979.

La Croix de la Corrèze, 2 août 1914.
Archives municipales de Brive, 8 S 979.

 

Atride de la Hofburg

Palais impérial de la Hofburg, 1912 (Agence Rol). Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France, département Estampes et Photographies, EST EI-13 (193).

Palais impérial de la Hofburg, 1912 (Agence Rol).
Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France, département Estampes et Photographies, EST EI-13 (193).

Expression utilisée par Marguerite Genès pour désigner la famille impériale d’Autriche-Hongrie qui réside dans le palais de la Hofburg à Vienne. Atride fait référence à la mythologie grecque, les Atrides étant une famille marquée par la violence.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014. 

 


Jeudi 30 juillet 1914

Les banques d’abord, puis les particuliers ont suspendu leurs payements ; les gens alarmés cherchent à réaliser leurs fonds ; on ne se procure de la monnaie qu’avec de grandes difficultés et tous ceux qui ont de l’or le mettent en réserve ; les transactions se trouvent paralysées.

 

Hôtel de la caisse d’épargne de Brive,  inauguré le 3 octobre 1909. Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 54.

Hôtel de la caisse d’épargne de Brive,
inauguré le 3 octobre 1909.
Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 54.

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