décembre 1914


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Vendredi 4 décembre 1914

 

Une femme de la campagne, qui est venue voir à l’hôpital temporaire son « drôle » blessé, croise des Allemands qu’on mène aux water-closets, et ne peut s’empêcher de dire au plus rapproché : « Sale ganhou » (Espèce de cochon). L’interpellé se tourne et la paysanne suffoquée s’entend répondre : « Vous ai pas re fach » (Je ne vous ai rien fait). Renseignements pris, ce Boche « irréprochable » avait été employé à l’ !

Cet incident, survenu à la caserne Brune transformé en hôpital temporaire, entraîne la publication d’une série d’articles polémiques dans La Croix de la Corrèze.

La Croix de la Corrèze, 15 novembre 1914. Archives municipales de Brive, 8 S 992.

La Croix de la Corrèze, 15 novembre 1914.
Archives municipales de Brive, 8 S 992.

 

La Croix de la Corrèze, 13 décembre 1914. Archives municipales de Brive, 8 S 996.

La Croix de la Corrèze, 13 décembre 1914.
Archives municipales de Brive, 8 S 996.

 

 

Usine des matières tannantes et colorantes Levinstein de Cornil

En 1885, Alexandre Levinstein, d’origine anglaise, implante une usine, à côté de la gare de Cornil, destinée à extraire le liquide brunâtre de l’écorce des châtaigniers pour servir à la teinture et au tannage.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 1578.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 1578.


Mercredi 9 décembre 1914

 

Lettre d’un soldat du 126:
« Chers amis,
« Ne vous tourmentez pas à notre sujet. Nous sommes très bien installés dans les tranchées ; nous ne manquons même pas de confortable, puisque nous avons des bains douches !… Les distractions non plus ne manquent pas. Ces jours-ci, on a profité de la première neige pour faire un tour aux Boches. Coiffés de bonnets de coton, l’uniforme recouvert d’une chemise blanche, nous avons rampé la nuit sans être aperçus, jusqu’à des tranchées qui nous gênaient beaucoup, et nous en avons délogé les locataires… »
Je ris encore quand je pense à ces guerriers allant à l’assaut dans cet appareil, au milieu de la plaine glacée !
, mort quelques jours après.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 861.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 861.

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L’attaque relatée par le soldat du 126e RI : ce qu’en dit le JMO

Extrait du journal des marches et opérations du 126e régiment d’infanterie, 25 novembre 1914. © Ministère de la Défense – Mémoire des hommes, 26 N 685/7.

Extrait du journal des marches et opérations du 126e régiment d’infanterie, 25 novembre 1914.
© Ministère de la Défense – Mémoire des hommes, 26 N 685/7.

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Mort du lieutenant Vayne d’Arche

Le lieutenant Raymond Hector Eugène Vayne d’Arche a été tué le 11 décembre 1914 à Wez (aujourd’hui Val-de-Vesle dans la Marne) à 600 m de la ferme des Marquises. Que s’est-il passé ce jour-là ?

Extrait du journal des marches et opérations du 126e régiment d’infanterie, 11 décembre 1914. © Ministère de la Défense – Mémoire des hommes, 26 N 685/7.

Extrait du journal des marches et opérations du 126e régiment d’infanterie, 11 décembre 1914.
© Ministère de la Défense – Mémoire des hommes, 26 N 685/7.

Raymond Hector Eugène Vayne d’Arche (1893-1914)

Né à Chantaix (Corrèze), lieutenant au 126e régiment d’infanterie, Raymond Hector Eugène Vayne d’Arche est décédé le 11 décembre 1914 lors d’un combat aux environs de la ferme des Marquises près de Wez (Marne).

Voir sa fiche sur la base des « Morts pour la France »


Samedi 12 décembre 1914

 

La monarchie, c’est la guerre étrangère ; la république, c’est la guerre civile. Il n’y avait pourtant rien de plus beau que la vraie république.

 


Lundi 14 décembre 1914

 

Les Allemands se plaignent que les Français ne sont pas assez gentils envers eux, pas assez respectueux envers leur  et leur . Vraiment ! Ils le sont tant avec nous, avec les nobles Belges, les héroïques Serbes ! Mais puisque cela les fâche qu’on les appelle « Boches » désormais, pour être « gentille » et pour germaniser ce vocable, je les qualifierai de « Boschimans ».

Photographie. Collection Dominique Abraham.

Photographie. Collection Dominique Abraham.

 

Guillaume II de Hohenzollern (1859-1941)

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 841.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 841.

Né à Berlin, Guillaume II est le dernier empereur (Kaiser) allemand et le dernier roi de Prusse.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.

Guillaume de Hohenzollern (1882-1951)

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 836.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 836.

Né à Postdam, il est le fils de Guillaume II et le prince héritier (Kronprinz).


Mercredi 16 décembre 1914

 

La grande transformation qui s’est opérée en nous, c’est que nous vivons de la vie nationale comme si nos 40 millions d’individus n’en faisaient qu’un.
Le moi n’existe plus, nous vivons en nos compatriotes, ils vivent en nous. Jamais, aussi, nous n’avons eu une telle ampleur, une telle intensité de vie ; cette extension déborde même nos frontières et fait des Belges et de nous une famille, heureuse dans le malheur de se sentir si tendrement, si fièrement unie.

Le dimanche suivant, 20 décembre 1914, est organisée dans toute la France la journée dite « du petit drapeau belge ». Dans la séance du conseil municipal du 3 juillet 1915, le maire indique que Brive a recueilli la somme de 1 938,05  F (registre des délibérations, 1 D 28). Au plan national, plus de 3 500 000 F sont collectés.

La Croix de la Corrèze, 27 décembre 1914. Archives municipales de Brive, 8 S 998.

La Croix de la Corrèze, 27 décembre 1914.
Archives municipales de Brive, 8 S 998.


Jeudi 17 décembre 1914

 

Vrais et faux frères belges. Souliers payés à un Belge par un soldat.

 Ce même jour, sur le front…

Carte postale. Collection Cédric Foussard.

Carte postale. Collection Cédric Foussard.


Bilan 1914 : Brive

Délibérations du conseil municipal, séance extraordinaire du 7 août 1914. Archives municipales de Brive, 1 D 28.

Délibérations du conseil municipal, séance extraordinaire du 7 août 1914.
Archives municipales de Brive, 1 D 28.

 

Délibérations du conseil municipal, séance extraordinaire du 7 août 1914. Archives municipales de Brive, 1 D 28.

Délibérations du conseil municipal, séance extraordinaire du 7 août 1914 (suite).
Archives municipales de Brive, 1 D 28.

La vie à Brive juste après l’entrée en guerre

La ville est soumise aux réquisitions militaires. Cela est d’autant plus difficile à vivre que la cité, en parallèle, accueille 8 000 à 10 000 habitants supplémentaires, à savoir des soldats et des réfugiés.
De plus, la municipalité doit faire face au dénuement de familles brivistes sans la moindre ressource financière avec la mobilisation des hommes. En attendant l’aide de l’État, elle verse des allocations à celles qui en ont le plus besoin. Cet argent est prélevé sur des lignes budgétaires destinées, originellement, à la construction d’une route et à l’achat d’un terrain.
En raison du grand nombre de blessés évacués, les infrastructures hospitalières manquent et, pour avoir publié, les 6 et 13 septembre 1914, des informations trop critiques sur l’hôpital temporaire du collège Cabanis, La Croix de la Corrèze est suspendue durant quelques semaines.
Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.


Bilan 1914 : le 126e régiment d’infanterie

 

Journal des marches et opérations du 126e régiment d’infanterie, 2 août 1914-31 décembre 1915. © Ministère de la Défense – Mémoire des hommes, 26 N 685/7. Consulter le document en ligne

Journal des marches et opérations du 126e régiment d’infanterie, 2 août 1914-31 décembre 1915.
© Ministère de la Défense – Mémoire des hommes, 26 N 685/7.
Consulter le document en ligne

Les premières semaines de combat du 126e RI selon Marguerite Genès

Le vendredi 7 août 1914, Marguerite Genès évoque que le 126e RI partira le lendemain. Mystère quant à la destination précise. Effectivement, le 8 août 1914, un important convoi ferroviaire quitte la gare de Brive pour le front. Mais quel front ? En ayant recours au journal des marches et opérations (JMO) du régiment, l’itinéraire du 126e RI peut être reconstitué : Limoges, Troyes, Saint-Dizier et Villers-Daucourt, dans la Marne. Ce sera donc le front de la Marne.
En septembre 1914, toujours sans nouvelles de ce que deviennent les soldats brivistes, Marguerite Genès ne peut se douter de la violence des combats qu’ils mènent. La même source, le JMO, décrit ainsi la terrible journée du 20 septembre où, à Jonchery-sur-Suippe, le régiment livre une rude attaque pour conquérir la côte 160. On apprend que « quelques centaines de mètres sont gagnés au prix de 400 hommes et sous-officiers mis hors de combat ». Deux lieutenants sont tombés aussi. Le rédacteur du JMO parle alors d’un « régiment mutilé » qu’il faut bien reconstituer, le surlendemain, avec la nomination de nouveaux gradés.
En un mois et demi, le 126e RI a déjà perdu un cinquième de sa troupe d’active…
Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.


Bilan 1914 : la guerre en France

 

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 783.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 783.

L’évolution du front français selon Marguerite Genès

Le 8 septembre 1914, évoquant la bataille de la Marne – qu’elle ne nomme pas, elle parle seulement de « la grande bataille » –, Marguerite Genès a conscience de la gravité de la situation militaire. Elle écrit : « Si les armées allemandes opèrent leur jonction, elles marcheront vers Paris… » Sans qu’elle le sache alors, la contre-offensive française, lancée par le général Joffre, est déjà sur le point de repousser les Allemands.
Finalement, en 1914, Marguerite Genès est peu informée de l’évolution de la situation militaire. Il faut attendre le 29 novembre pour découvrir l’existence de tranchées et donc le passage d’une guerre de mouvement à une guerre de position.
En revanche, à lire les cahiers, on se rend compte que le front occidental est meurtrier. Le 26 septembre 1914, Marguerite Genès relate une anecdote selon laquelle des paysans de la Beauce se mettent à genoux quand passe un train de blessés évacués vers les hôpitaux de l’arrière. Ce fait-là, surprenant, n’est pas exceptionnel pour autant : l’historien Yves Pourcher, dans son ouvrage Les jours de guerre, cite de nombreux autres exemples à Saint-Étienne, Saint-Brieuc, Montauban, Bordeaux…
Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.


Bilan 1914 : la guerre dans le monde

 

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 887.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 887.

Les premiers mois de guerre ailleurs qu’en France selon Marguerite Genès

Dès le jeudi 6 août 1914, Marguerite Genès indique que les Allemands ont attaqué la Belgique, violant ainsi sa neutralité. En fait, l’invasion a commencé depuis quarante-huit heures déjà. Au fil de son récit, l’auteur évoque les grandes villes belges qui tombent : Liège, Charleroi, Anvers après un siège. Elle en profite aussi pour évoquer les atrocités commises, en août, par les troupes d’occupation, dont on sait grâce aux travaux d’historiens qu’elles ont pris la forme de vols, de viols et de massacres de populations civiles. Bien sûr, la guerre a entraîné un important exode en France, y compris jusqu’à Brive où Marguerite Genès, le 24 octobre 1914, signale que l’« on secourt ou case des Belges, des Flamands, à bout de ressources ».
Plus tard, le 22 novembre 1914, Marguerite Genès a conscience que la guerre est vraiment devenue mondiale : des combats ont lieu en Turquie, en Asie mineure, en Égypte, au Cap, écrit-elle. Elle oublie de citer le Japon et la Russie.
Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.