L’alerte et gai petit soldat de Salonique [Alphonse B.], qui reconnaissant de menues bontés, m’écrit toujours [et] a trouvé, bien que peu lettré, une phrase admirable pour résumer la situation :
« À présent, ce n’est plus la souffrance de l’invasion : c’est la souffrance de la victoire. Et pour cela, on souffrira tant qu’il faudra. »
Antoinette L., à qui j’ai répété ces paroles, veut les prendre pour thème d’ouverture à la rentrée scolaire.
Bonne-femme qui vient voir son fils à l’hôpital temporaire et qui glisse une pièce de 2 F dans la main de Mme de L., infirmière-major.
« Gardez cet argent, madame, il vous sera peut-être utile.
– Non, non. Vous prenez de la peine pour le petit. »
J’interviens en souriant : « Mme de L. n’a pas besoin de cela elle a un château et plusieurs maisons. Elle soigne les blessés par bonne amitié. »
La paysanne reste ébahie que celle qu’elle a prise pour une salariée soit une dame riche ; elle balbutie : « Alors, alors… gardez-la pour eux. »
(1896-1981) pendant la guerre de 1914-1918. Son courage et sa blessure le 27 septembre 1916
Les 25 septembre [1916], le 162e est à l’offensive. Il faut s’emparer du village de RANCOURT puis d’un point très dur, la tranchée allemande des PORTES DE FER. Le 27, dans l’assaut de la tranchée, LOUIS [MACARY] abat les servants d’une mitrailleuse, qui est ainsi muselée. Mais, alors qu’il se penche pour recharger son fusil, un des défenseurs allemand l’atteint à l’épaule. La balle lui casse une hypophyse de la colonne vertébrale. Aussitôt paralysé des bras, il glisse vers le fond du trou d’obus d’où il avait jailli pour tirer. Mais l’eau y stagne… Il parvient quand même à ralentir sa descente en s’accrochant par les pieds. C’est un camarade (le copain MANIERE) qui le remonte et le sauve avant d’être évacué vers l’arrière.
L’assaut a pu être poursuivi et la tranchée neutralisée puisque l’historique du régiment indique que déjà, le lendemain 28 septembre, les combats ont cessé. Au moins provisoirement.
Extrait du récit de Jean-Louis Macary reproduit avec son aimable autorisation.
Louis Macary (1896-1981)
Fils de l’architecte municipal de Brive François Macary, il est lui-même architecte. Après-guerre, aux côtés de son père, il contribue à la construction de la Cité des Roses, première cité d’habitat collectif de Brive (1934).
Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2015.