Lundi 17 août 1914

J’ai assisté au repas en plein air des nouveaux mobilisés : le  fait dans trois grandes chaudières était savoureux ; assis à l’ombre sur un talus, leurs gamelles ou leurs assiettes débordantes, les hommes, non encore équipés, mangeaient de bon appétit ; certains partageaient avec leurs femmes et leurs petits ; de pauvres vieilles attendaient aux alentours l’aumône d’un peu de pain et leur tablier se remplissait de gros quignons ; mais le pain de munition est presque toujours brûlé.
Les hommes couchent au théâtre sur la paille. Les prisonniers allemands sont mieux traités : on leur a procuré des lits. Les gens surpris de notre mansuétude et de la cordialité qui règne entre les officiers français et leurs soldats. Les Allemands d’Allemagne, trompés par leurs chefs, croient pourtant que nous maltraitons les leurs. Le libraire héberge un Deutsch de 13 ans, il devait envoyer là-bas son fils en échange ; la déclaration de guerre l’en a empêché. La mère du petit Allemand supplie le libraire de ne point laisser fusiller son fils ! Quelle singulière idée ces Teutons se font de nous d’après eux-mêmes ! Une Allemande s’est écriée :
« Les Français seront vaincus !
– Pourquoi ?
– J’ai vu un officier serrer la main à un soldat. »

Écoles, édifices publics, tout est plein de soldats.

Rata

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 827.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 827.

À l’origine, terme du vocabulaire militaire signifiant un mauvais ragoût servi à la troupe.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.