septembre 1914


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Mardi 8 septembre 1914

Journée de tortures physiques et morales ; il fait orage depuis 20 heures ; la ville est bombardée par le ciel ; la foudre tombe en plusieurs endroits ; ma mère a eu sept crises de suffocation. Je suis souffrante moi-même ; j’attache obstinément ma pensée sur la grande bataille qui se livre en ce moment de Meaux à Verdun et que je sens d’une importance vitale pour ma patrie. Si les armées allemandes opèrent leur jonction, elles marcheront ensuite librement sur Paris… Esprit de Geneviève, de Jeanne d’Arc de saint Louis, réincarnez-vous en nous et menez-nous à la victoire…
Le soleil se couche, le ciel s’éclaircit et s’embrase mais, au-dessus de cet embrasement qui évoque les incendies allumés par les Teutons, se dessine un merveilleux arc-en-ciel, gage d’assistance divine.

Première bataille de la Marne

Taxis de la Marne. Photographie. Collection Nicole Aigueperse.

Taxis de la Marne.
Photographie. Collection Nicole Aigueperse.

Au tout début du conflit, les différentes opérations militaires allemandes du plan Schlieffen ont obligé les Français à reculer quasiment jusqu’aux portes de Paris.
Le généralissime Joffre, qui a déjà « limogé » quelques-uns de ses généraux, lance l’ordre du jour de la bataille de la Marne, le 5 septembre 1914 : « Au moment où s’engage une bataille dont dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n’est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à refouler l’ennemi. Une troupe qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée. »
La réaction des armées françaises et britanniques permet alors d’écarter le danger. C’est au cours de cette bataille que des taxis parisiens ont été réquisitionnés pour acheminer sur le front quelques milliers de soldats.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.


Jeudi 10 septembre 1914

Nous avions réellement besoin des Anglais. Pour renforcer nos armées ? Je ne sais ; mais sûrement pour nous délivrer de généraux incapables sinon coupables et pour nous armer de ministres énergiques et compétents : ,

Alexandre Millerand (1859-1943)

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 751.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 751.

Né à Paris, Millerand est ministre de la Guerre en 1914 et le reste jusqu’en 1915. En 1920, il est élu président de la République.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.

Théophile Delcassé (1852-1923)

Le Pays de France, 19 août 1915. Archives municipales de Brive, 12 S 81.

Le Pays de France, 19 août 1915.
Archives municipales de Brive, 12 S 81.

Principal artisan du rapprochement de la France et de la Grande-Bretagne qui aboutit à la signature de l’Entente cordiale en avril 1904, il est ministre des Affaires étrangères en 1914-1915.


Vendredi 11 septembre 1914

Arrivée de 250 blessés qui défilent dans l’avenue de la gare de 2 heures et demi à 7 heures. D’abord ce sont des Français puis des Allemands. Les nôtres, je voudrais leur faire un peu de bien à tous, leur témoigner à tous ma reconnaissance, mon affection. Les autres, qui offrent un aspect pitoyable, je leur accorderais les soins indispensables, mais je voudrais qu’ils fussent cinq cents mille…

Couleur des vêtements, des teints.

Des brancardiers, des ouvriers de bonne volonté, descendent du train avec précaution chaque blessé posé sur un brancard dans un hamac. Les infirmières les pansent, leur font prendre du thé ou du bouillon chaud ; puis on met la civière sur un (sic) auto qui les emporte d’autant plus lentement qu’ils sont plus grièvement atteints. Les nôtres, frappés le plus souvent aux membres, s’efforcent de se tenir droits et montrent parfois des trophées : sabres, casques allemands ; de volontaires arabes dont le vêtement blanc est tout maculé de sang et de boue gisent résignés et fiers ; les Allemands viennent ensuite blessés à la poitrine presque tous tête nue, pieds nus ; ils restent généralement inertes sur leur brancard… Un infirmier se tient auprès d’eux et impose silence à la foule qui fait entendre des murmures hostiles ; quelques-uns s’attachent au cou de ce protecteur qu’ils viennent de trouver. L’un d’eux soulève un peu sa tête blonde et crie à la foule surprise : « Vive la France ! » Est-ce un Alsacien ? Un autre, un Deutsch farouche, nous injurie ; mais que portent avec d’infinies précautions quatre infirmiers sur ce drap tendu ? C’est un homme tronc, ses pantalons et les manches de sa veste sont liés comme des sacs. Ce tronc cesse de gémir pour dire : « Conservez-moi les yeux pour que je puisse voir les miens ! »
Un autre malheureux se tient debout mais porte au lieu d’yeux dans ses orbites des entonnoirs de toile et de gaze !

La nuit vient et le triste défilé continue ; à 8 heures, un autre train arrivera ; on évacue les victimes de la grande bataille qui se livre et les blessés des hôpitaux de Paris…
Oh ! si du côté belge et français la guerre m’apparait héroïque, sublime, qu’elle me semble du côté de l’agresseur criminelle et folle !

À la séance du 15 juillet 1870, des parlementaires qui se nommaient , Jules Favre, Emmanuel Arago, Jules Simon, Horace de Choiseul, Gambetta, protestèrent contre la déclaration de guerre à la Prusse : « Que faites-vous, où allez-vous ? » répétaient-ils. Le député Girault s’écria : « Nous serions les premiers à nous lever pour une guerre nationale défendant la patrie ; mais nous ne voulons pas nous lever pour une guerre dynastique et agressive. » Qu’il ne se soit trouvé au Reichstag le 1er août ( ?) 1914 aucun opposant à la guerre dynastique et agressive, qu’aucune objection n’ait été élevée, ce sera un opprobre ineffaçable pour l’Allemagne de ce temps.

Il faut panser des plaies que les blessés eux-mêmes n’osent pas regarder. Le pus jaillit parfois dans nos propres yeux.

Dormir, profondément, longtemps, ne plus entendre, ne plus penser, ne plus voir, ne plus savoir…

On avait demandé 300 lits pour les blessés ; il en est arrivé 2 000 ; la caserne en est pleine mais ils manquent de tout. Mourront-ils faute de soins ? Mobilisation spontanée de toutes les femmes qui n’ont pas besoin de travailler. Il faut tout apporter : récipients, fourneaux, linges, remèdes, remplacer le médecin. « Plus rien pour les pansements » m’annoncent Marguerite et Marthe Mallet. Si, mes robes de bal… Linons et gazes stérilisés et découpés vont panser des blessures. Excellente fin de mondaines devenues infirmières.
Dans une pièce brûlante sous les combles, découverte de blessés oubliés là depuis 24 heures !

Hôpitaux « militaires »

Carte postale. Collection Mme Lagarde.

Carte postale. Collection Mme Lagarde.

Dès le début de la guerre, les nombreux blessés sont évacués à l’arrière. Les structures hospitalières deviennent rapidement insuffisantes. D’où la nécessité de créer des hôpitaux temporaires, appelés complémentaires ou encore auxiliaires.
À Brive, l’hôpital du collège Cabanis – le lycée d’Arsonval d’aujourd’hui – est l’hôpital complémentaire n° 41 ; il a pris en charge plus de 15 000 blessés entre janvier 1915 et septembre 1917. L’Institution Jeanne-d’Arc et l’actuel musée Labenche font partie des autres locaux transformés en établissements de soins.
On estime à 9 300 le nombre d’hôpitaux « militaires » en service en France durant le conflit. Celui-ci fera près de 4 millions blessés.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.

Adolphe Thiers (1797-1877)

Né à Marseille, Thiers est chef du pouvoir exécutif en 1871 et, à ce titre, réprime durement l’insurrection de la Commune de Paris. Quelques mois plus tard, il devient président de la République (1871-1873).

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.


Lundi 14 septembre 1914

Ovation à des officiers anglais (9 heures et demi du soir).

Enthousiasme, clameurs sur la place ? Pour émouvoir notre population plutôt apathique. Qu’est-il arrivé ? A-t-on une ville d’Alsace, remporté une victoire éclatante ? Ah bah ! Ce sont des officiers supérieurs anglais qui passent. Fleurs offertes.

Un convalescent monte l’escalier de l’hôpital. L’infirmière qui vient derrière lui remarque ses longs cheveux. « Pourquoi gardez-vous vos cheveux si longs ? C’est moins propre. » Le blessé rougit comme un petit garçon fautif.
« Personne ne sait les couper, il faudrait aller chez un coiffeur et… et on n’a pas toujours les dix sous qu’il faudrait.
– Vos parents ne vous envoyent donc rien ?
– Ça serait difficile. Je suis orphelin. »
Émue, l’infirmière vide sa bourse. Puis elle s’avise que le pauvre garçon n’a ni mouchoirs ni caleçons, rien de rechange, et quête tout cela pour lui.


Dimanche 20 septembre 1914

Passage des soldats hindous. Service d’ordre sévère. Baquets pour ablutions : « This water is not for drinking or cooking but for natives. »
Ces soldats, fleur de l’armée des Indes, hautes statues de bronze, se lavent les dents avec un morceau de bois de réglisse, font leurs prières et leurs galettes.
Quelques badauds ont ri de leurs rites. Ce qui les a justement offensés.
Si leur foi ne les animait, ils seraient bien à plaindre de venir se battre et mourir loin de leur patrie sous les ordres des Anglais, leurs anciens persécuteurs… Mais enfin, c’est une cause juste et noble la liberté, la vie de leurs peuples qu’ils servent, et ces frères lointains nés au berceau de notre race sont bien des nôtres. Mais notre climat ne va-t-il pas les décimer ? Je les plains et leur voue une affectueuse mais impuissante reconnaissance.

Lettre du Limousin prisonnier en Allemagne :
« Chers parents, je suis bien soigné, je n’ai pas à me plaindre, je suis bien traité et bien nourri à… » Enfin, toutes sortes d’éloges des Allemands. Au bas de la lettre, en guise de signature le malin soldat ajoute en limousin : « Crebi de fam » (Je crève de faim)…

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 883.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 883.


Lundi 21 septembre 1914

L’horreur et la colère s’allument sans cesse en nous au récit sans cesse renouvelés des atrocités allemandes : Louvain, Malines, , Étain, Reims, Raon, Moyenvic, on ne peut plus prononcer ces noms sans un affreux serrement de cœur et une flambée de colère. Les blessés teutons s’excusent à l’envi disant : « Ce n’est pas nous qui avons fait cela. » Je leur réponds : « Et qui est-ce ? Les Belges, les Français ? » Je deviens haineuse à l’endroit de la race teutonne et je lui en veux encore des mauvais sentiments qu’elle fait ainsi naître en moi.
Quand je touche seulement les vêtements de ces misérables égorgeurs et incendiaires, j’ai l’impression de toucher quelque chose d’immonde.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 811.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 811.

Senlis

Située dans l’Oise, cette commune subit le 2 septembre 1914 des représailles de la part de l’armée allemande : maisons incendiées, civils fusillés – dont le maire de la commune Eugène Odent – ou utilisés comme bouclier humain.

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Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 917.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 917.


Mercredi 23 septembre 1914

Je ne joue plus les Allemands ni les Autrichiens ; les Polonais, les Russes, Chopin, Moszkowski les remplacent ; j’ai rougi de ne pas savoir tous nos airs héroïques, Le Chant du départ, Le Chant des Girondins, Sambre et Meuse, la Marche lorraine qui surpassent tous les airs nationaux et ne sont surpassés que par La Marseillaise. Je les répète énergiquement ainsi que la paraphrase que a faite de La Marseillaise.

Eugène Ketterer (1831-1870)

Pianiste et compositeur français.


Jeudi 24 septembre 1914

Depuis trois ou quatre jours, ce ne sont qu’ordres et contre ordres : convoqués d’urgence, le soir, les mobilisés sont renvoyés chez eux le matin. Évidemment il y a affolement en haut lieu et les rues sont toujours pleines d’hommes qui seraient fort nécessaires sur les champs de bataille. Les Allemands, eux, ont enrôlé tous les hommes de 18 à 60 ans ; ce sont les femmes qui conduisent les tramways et les voitures. Les , les laissés pour compte formeraient chez nous plusieurs corps d’armée. Si j’avais le pouvoir deux heures, tout cela serait lestement « enrouté », comme on dit en Limousin.

Des femmes du peuple indignées, révoltées des atrocités qu’on leur rapporte se confient les supplices qu’elles voudraient faire subir à .
« Se troubara pas qualcun per lou nous menar ? » crie l’une d’elle.
– Ah ! paubra, dit une vieille, couma vouletz que l’atapon ? Aquel moundé van pas pissar defora ! »

Embusqué

Militaire affecté, par faveur, à un poste éloigné de tout danger.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.

Guillaume II de Hohenzollern (1859-1941)

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 841.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 841.

Né à Berlin, Guillaume II est le dernier empereur (Kaiser) allemand et le dernier roi de Prusse.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.


Vendredi 25 septembre 1914

Les B., qu’on cite parmi les richards de la ville, ne pouvant recevoir d’argent ni des banques ni de leurs débiteurs ou locataires, sont fort gênés car personne ne travaille chez eux. Et ma profession me permet de suffire à mes besoins et à ceux de ma mère comme en temps ordinaires. Voilà qui démontre éloquemment supériorité du travail sur la fortune.

La guerre devient mondiale : on se bat non seulement en Europe mais encore en Asie, en Afrique, en Océanie…
Jules Verne nous dépeint dans Le Docteur Ox la surexcitation batailleuse d’une petite cité flamande dont un savant a fortement oxygéné l’atmosphère ; il semble que notre globe est tout entier enveloppé d’une semblable atmosphère et poussé de même aux résolutions extrêmes, aux actes violents.

et le  morts ; une conflagration, huit ou dix peuples engagés dans la guerre d’extermination. Y eut-il jamais année plus tragique ? Il faut que je vive en ce temps, que je voie la cruauté humaine sous son aspect le plus effroyable, le plus monstrueux, la misère, la souffrance humaine sous leurs formes les plus navrantes, que je vive dans l’angoisse au milieu des plus redoutables périls, carnages, épidémies, disette [illisible] ; ces deux terribles hôtesses logeant [illisible] la maladie et la mort.
Le jour redevint-il clair ?
Jamais ces visions d’horreur ne s’effaceront de mon souvenir, jamais plus mon âme ne retrouvera sa sérénité.

Frédéric Mistral (1830-1914)

Écrivain et lexicographe français de langue d’oc, Mistral est notamment membre fondateur du Félibrige et a reçu le prix Nobel de littérature en 1904. Il est décédé le 25 mars 1914 à Maillane (Bouches-du-Rhône).

Pie X (1835-1914)

Né Giuseppe Melchiorre Sarto, il est élu pape en 1903 et décède le 20 août 1914.


Samedi 26 septembre 1914

Mme V. crée un  où l’on va faire, avec de la vieille toile du linge spécial pour les blessés.
Je voulais coudre des bandes, et je n’avais plus d’aiguilles à lingerie. La mercière m’a offert une marque allemande que j’ai refusée avec horreur ; toute penaude, la marchande s’est excusée…

J’ai le plaisir de servir le dîner « à table » aux blessés guéris de la salle 38. Un seul n’a pu quitter son lit. Grâce à la générosité de Mmes Veyrines et Thalamy, le menu était un menu de fête : bon potage, ragout, salade, raisins, vin. Biscuits, au dessert. On a bu à la santé du général .

Paysans de la  à genoux quand passe un train de blessés.

Blessé allemand qui mord son infirmier.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 980.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 980.

Ouvroir

Atelier de charité où des femmes bénévoles faisaient des travaux de couture pour les indigents. Pendant la guerre, la production est destinée aux soldats sur le front.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.

Joseph Joffre (1852-1931)

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 735.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 735.

Officier général français, artisan de la victoire franco-britannique lors de la première bataille de la Marne, il stabilise le front nord au début de la guerre. Il est nommé maréchal de France en 1916.

Beauce

Région naturelle située au sud-ouest de Paris.


Dimanche 27 septembre 1914

Ville pleine de militaires. Sur les pelouses du jardin public, des groupes de soldats jouent aux cartes ou se chahutent. Étrange !

Nuits froides, pluie ; que deviennent nos pauvres soldats en vêtements d’été, dans les tranchées inondées ou pleuvent à la fois l’eau du ciel et les . Hélas ! Ce ne sont plus seulement des blessés qu’on nous apporte mais des malheureux atteints de rhumatismes, de bronchites, de dyssenterie… et les épidémies commencent à sévir dans les hôpitaux temporaires, surtout dans une des casernes qu’on n’avait pas désinfectées ; le typhus, la scarlatine, la rougeôle (sic) apparaissent ; le tétanos, la gangrène font des ravages ; aussi, quelques infirmières volontaires prennent peur et se retirent n’ayant pas fait le sacrifice préalable de leur vie sans lequel on ne doit pas assumer un tel rôle. On commence à regretter les sœurs et les moines dévots disent : « Ça été une grande sottise de chasser les religieuses. »

À l’hôpital, Mme F. et Virginie m’ont suivie, l’une avec du champagne, l’autre avec un énorme panier de pommes cuites. Pauvre Breton au ventre perforé – Botrel – Blessé que ma bonne sans gêne trouve beau et qui a le derrière emporté !

Depuis le début de la guerre, circulent des prophéties que gobent les gogos. Une voyante promettait une nouvelle victoire française. Deutsch qui manque le rendez-vous. Pour moi, c’est dans l’Épître et l’Évangile du dimanche que je cherche mes oracles et toujours j’y trouve du réconfort : aujourd’hui dix-septième dimanche après la Pentecôte, neuvième de la guerre, je lis : « Mes frères, je vous supplie de ne point perdre courage en me voyant souffrir tant de maux, puisque ces souffrances font votre gloire… Que Celui, qui par sa puissance peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et tout ce que nous pensons, soit glorifié…
… Le Seigneur a rebâti Sion… Quiconque s’élève sera abaissé et quiconque s’abaisse sera élevé… »

Et pendant ce temps, le 126e

Après la bataille des frontières et la bataille de la Marne, de terribles combats se déroulent aux abords de Jonchery-sur-Suippe. 400 hommes du 126e RI vont perdre la vie…

Extrait du journal des marches et opérations du 126e régiment d’infanterie, 20 septembre 1914. © Ministère de la Défense – Mémoire des hommes, 26 N 685/7.

Extrait du journal des marches et opérations du 126e régiment d’infanterie, 20 septembre 1914.
© Ministère de la Défense – Mémoire des hommes, 26 N 685/7.

 

Shrapnel

Obus chargé de balles qu’il projette en éclatant juste avant de toucher le sol.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.


Lundi 28 septembre 1914

Le massif père Goudou, glorieux débris de  allant aux nouvelles, rencontre le père Marchais, sec et vif rescapé de  qui vient de lire le communiqué de 8 heures. Le premier anxieusement : « Eh bien ? » L’autre répond avec assurance : « Nous les aurons ! »

La guerre franco-prussienne de 1870-1871

Le 19 juillet 1870, la France de Napoléon III déclare la guerre à la Prusse qui reçoit alors l’appui de tous les autres États allemands.
Le 2 septembre 1870, Napoléon III est défait à Sedan. Le 4, la IIIe République est proclamée. Paris est assiégé. Malgré la résistance organisée par le Gouvernement de la Défense nationale, la France est contrainte à demander un armistice, signé le 28 janvier 1871. C’est le prélude au traité de Francfort, le 10 mai 1871, qui consacre la défaite de la France : elle doit céder à l’Allemagne – l’unité allemande a été proclamée le 18 janvier 1871, à Versailles – l’Alsace, à l’exception de Belfort, et la majeure partie de la Lorraine.
Cette guerre et surtout la perte de l’Alsace-Lorraine vont nourrir en France un puissant sentiment de frustration et de revanche.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.

Reichshoffen

Commune d’Alsace où se déroule, le 6 août 1870, la bataille de Frœschwiller-Woerth (dite aussi bataille de Reichshoffen) au début de la guerre franco-prussienne de 1870.

Gravelotte

Commune située en Moselle. Gravelotte et ses environs sont le siège de terribles combats au cours de la guerre franco-prussienne en août 1870.


Mardi 29 septembre 1914

Nul service n’est en ce moment aussi défectueux que celui des Postes.
Un nouveau marié, préposé au ravitaillement et parti peu argenté, demande vainement depuis un mois de l’argent à sa jeune femme qui lui envoie vainement des mandats. Rien ne parvient au malheureux qui souffre du froid et de la faim et clame de nouveau sa souffrance. Alors la jeune femme affolée, enfiévrée, fait en une heure ses préparatifs de départ, ses adieux à ses parents abasourdis et part pour aller porter elle-même vers Troyes des vêtements et de l’argent à son mari. Pourra-t-elle seulement le joindre ?