Soir de victoire.
Quatre kilomètres d’avance, la 1re, la 2e ligne ennemie prises, 25 000 prisonniers et 121 canons. L’élan des nôtres est admirable. Celui des Anglais, que je n’estimais pas assez, me surprend agréablement et je profère tout haut quand j’ai lu le communiqué un « Très bien, les Anglais ! » qui trouve des échos dans la foule massée devant la mairie. D’ailleurs, nous sommes devenus si sérieux, si prudents, que notre joie reste silencieuse, comprimée. Ce qui déborde, c’est une gratitude infinie pour nos braves ; avides de détails, nous sommes anxieux du lendemain et nous redoutons d’apprendre peut-être les noms des morts glorieux. Les jeunes ne peuvent contenir tout à fait leur satisfaction. Trois adolescents passent successivement en sifflant : « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ».