Lundi 8 février 1915

Plusieurs de nos soldats partent, persuadés, sinon sûrs, qu’ils vont en Serbie. Et faire la guerre en France semble doux à ceux là…

Lettre des tranchées :
« Merci pour toutes vos attentions. De notre coté, nous faisons ce que nous pouvons pour chasser l’ennemi de notre chère France. J’espère que ce sera bientôt. Les  commencent à en avoir leur aise. Pourtant, hier encore, ils nous ont arrosés d’obus. On a passé un rude moment, mais enfin personne n’a été atteint. Ensuite, ils ont voulu s’emparer de notre tranchée. En les voyant venir, l’un de nous a crié : « Chata, vira lou che ! » En entendant cela, ils ont crié qu’il y avait des Indous dans la tranchée et ils sont repartis plus vite qu’ils n’était venus ! »

Causerie.
Entre amis, chez le premier adjoint, on s’énumère les trophées « boches » attendus du front : l’un va recevoir des douilles dont il fera des bagues, l’autre un « quart », un autre un sac, celui-là un ceinturon. Mon voisin de table, qui a là-bas un parent officier, offre de me faire envoyer quelque chose. Alors je réplique avec un flegme britannique : « C’est inutile : je le jetterais à l’égout ! »

 

 

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 821.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 821.

Bochard

Terme péjoratif et injurieux désignant les Allemands. Pour les autres termes utilisés par Marguerite Genès, voir le commentaire « L’ennemi » présenté à la date du 20 novembre 1914.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.