Mercredi 2 juin 1915

 

 prisonnier.
Il planait aussi gracieusement qu’une hirondelle, s’élevait avec la hardiesse d’un aigle, bravait la tempête comme une mouette, franchissait comme un albatros les océans ; abattait tel un oiseau divin les rapaces qui lui barraient la route et menaçaient nos champs et nos villes mais en cage, il est plus que jamais semblable à l’oiseau. Nous l’admirions, nous le chérissons et nos regrets, notre reconnaissance volent vers lui. Oui, sa captivité complète sa destinée de merveilleux oiseau de France ; mais il n’est plus là dans notre ciel, dans notre horizon, veillant sur nous, chassant la troupe des immondes vautours ; puis, habitué aux grands coups d’ailes, comment supporte-t-il sa claustration ? Il ne voit plus l’azur qu’à travers des barreaux. Ce dégoût de la vie, puisé dans un foyer paternel détruit, et qui lui avait fait choisir l’aviation comme une chance d’abréger son existence, ne va-t-il pas l’envahir ?
Qu’est ce qui le soutiendra ? Le souvenir de ses exploits ou l’espoir de la libération ?

 

Roland Garros (1888-1918)

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 1949.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 1949.

Né à La Réunion, cet aviateur passe à la postérité pour avoir réussi la première traversée de la Méditerranée en 1913. Mobilisé durant la guerre, il meurt lors d’un combat aérien le 28 octobre 1918 à Vouziers, dans les Ardennes.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.