Samedi 3 juillet 1915

 

Conférence de l’écrivain belge C. Demblon qui nous raconte sa fuite à travers les villes et les villages flamands, et [les] vallons en flammes et en ruines où restent 1 500 habitants sur 25 000, ou 15 sur 2 000, et où s’accomplirent les crimes, les massacres les plus révoltants. Dernier commentaire, involontaire et poignant des souffrances endurées par les Belges : le conférencier, pris d’un accès de toux, porte à sa bouche son mouchoir qui se tache de sang…

 

La Croix de la Corrèze, 11 juillet 1915. Archives municipales de Brive, 8 S 1028.

La Croix de la Corrèze, 11 juillet 1915.
Archives municipales de Brive, 8 S 1028.


Lundi 5 juillet 1915

 

Frank Holt, dynamiteur du Capitole, assassin de Pierpont Morgan, est très représentatif. C’est la brute allemande savante en folie homicide, un personnage de cauchemar, un fantoche forcené, un pédant grotesque et sinistre, le Herr professor [Knatke ?] logiquement conduit par sa Kultur à l’abus maniaque et démoniaque des explosifs perfectionnés, enfin le monstre boche apocalyptique que nous avons vu se dresser sur notre seuil, en août 1914.

 

Carte postale. Collection Jean-Paul Dutheil.

Carte postale. Collection Jean-Paul Dutheil.


Samedi 10 juillet 1915

 

Le fils du chapelier Fort et la permission.

Migoule, 8 heures sonnaient au clocher de Saint-Martin. Je cheminais entre les haies de verdure, couronnées de chèvrefeuille en fleurs. Si la nuit pénétrait partout, une brise imperceptible agitait légèrement les rameaux et berçait dans l’ombre les insectes qui s’y cachaient. Sous un petit pont habillé de lierre et de mousse, courait un ruisseau clair et joyeux, se hâtait escaladant les cailloux et algues. Je montais plus haut. Je m’engageais sous un tunnel de feuillage formé d’arbres centenaires qui rejoignaient en arceau leurs branches tordues par les ans. Une fraîcheur plus intense me saisit. Au sortir du bois, s’étendait une immense prairie pleine de petites taches claires formées par des fleurs que le vent balançait. Un chœur de grillons y viellait éperdument. Je levais les yeux. À travers les feuilles, j’aperçus la lune qui versait sur tout une lumière fraîche et cristalline comme de l’eau.
Dans le lointain, un chien de berger aboya à la fenêtre d’une ferme. Une lumière s’éteignit. Dans ce calme, il faisait délicieusement bon, il ne semblait plus qu’on vivait, on avait une impression de paix, de légèreté, comme en un rêve !
Se pouvait-il que, quelque part en France, ce silence paradisiaque fut troublé par l’éclatement de la mitraille ? Devant cette douceur du temps, du paysage, j’avais peine à m’imaginer que, « là-bas », des cris d’agonies retentissaient, que des être humains s’entretuaient, et la guerre, cette guerre surtout, m’étreignait, m’apparaissait plus monstrueuse, plus dénaturée que jamais.

 

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 715.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 715.

 

***

 

L'Illustration, 29 mai 1915. Archives municipales de Brive, 30 C 43.

L’Illustration, 29 mai 1915.
Archives municipales de Brive, 30 C 43.

 


Mardi 20 juillet 1915

 

La lettre boche.

 

La Croix de la Corrèze, 15 août 1915. Archives municipales de Brive, 8 S 1033.

La Croix de la Corrèze, 15 août 1915.
Archives municipales de Brive, 8 S 1033.


Dimanche 25 juillet 1915

 

À la Guierle, la petite maman blonde et Paris : « J’aimerai mieux voir Paris anéanti qu’aux mains des Prussiens. »

Le gendarme Breton. Ses récits.
Le blessé pendu, les femmes maltraitées. Tristes confidences.