Mardi 13 février 1917
« La rupture des États-Unis avec l’Allemagne a produit dans les tranchées un excellent effet moral, me dit André B.
– Évidemment, c’est une agréable surprise et par ce temps cruel, ce réconfort vient à point. Surtout si l’on envisage le côté financier de la question.
– Oh ! nos poilus n’en ont pas la moindre idée. Seulement, ils croient que Poincaré, les ministres et le Parlement ont voulu la guerre. Alors ils se disent : Si un pays comme les États-Unis, un homme comme se mettent de notre côté, c’est que vraiment nous avons raison, que notre cause est juste, que nous ne sommes pas les agresseurs.
– Pauvres diables ! leur ignorance est pitoyable ; ils n’ont aucune vue claire des grands événements dont ils sont acteurs ; leurs convictions sur nos gouvernants, sur les États-Unis, surtout, sont en eux comme des microbes ou des toxiques absorbés inconsciemment mais ils sont Français, par conséquent idéalistes, amis de la justice la grande république transatlantique leur apparaît – comment ? pourquoi ? – un tribunal impartial, Wilson un juge intègre. Et leur cause approuvée par de tels magistrats leur devient plus chère. Mais Dieu ! qu’il y a à faire pour éclairer ces malheureux qui ne connaissent ni leur pays, ni leurs amis, ni leur[s] ennemis, ni eux-mêmes et sont souverains par leur vote ! »
Woodrow Wilson (1856-1924)
Vingt-huitième président des États-Unis, il est élu pour deux mandats de 1913 à 1921.