Dimanche 27 septembre 1914

Ville pleine de militaires. Sur les pelouses du jardin public, des groupes de soldats jouent aux cartes ou se chahutent. Étrange !

Nuits froides, pluie ; que deviennent nos pauvres soldats en vêtements d’été, dans les tranchées inondées ou pleuvent à la fois l’eau du ciel et les . Hélas ! Ce ne sont plus seulement des blessés qu’on nous apporte mais des malheureux atteints de rhumatismes, de bronchites, de dyssenterie… et les épidémies commencent à sévir dans les hôpitaux temporaires, surtout dans une des casernes qu’on n’avait pas désinfectées ; le typhus, la scarlatine, la rougeôle (sic) apparaissent ; le tétanos, la gangrène font des ravages ; aussi, quelques infirmières volontaires prennent peur et se retirent n’ayant pas fait le sacrifice préalable de leur vie sans lequel on ne doit pas assumer un tel rôle. On commence à regretter les sœurs et les moines dévots disent : « Ça été une grande sottise de chasser les religieuses. »

À l’hôpital, Mme F. et Virginie m’ont suivie, l’une avec du champagne, l’autre avec un énorme panier de pommes cuites. Pauvre Breton au ventre perforé – Botrel – Blessé que ma bonne sans gêne trouve beau et qui a le derrière emporté !

Depuis le début de la guerre, circulent des prophéties que gobent les gogos. Une voyante promettait une nouvelle victoire française. Deutsch qui manque le rendez-vous. Pour moi, c’est dans l’Épître et l’Évangile du dimanche que je cherche mes oracles et toujours j’y trouve du réconfort : aujourd’hui dix-septième dimanche après la Pentecôte, neuvième de la guerre, je lis : « Mes frères, je vous supplie de ne point perdre courage en me voyant souffrir tant de maux, puisque ces souffrances font votre gloire… Que Celui, qui par sa puissance peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et tout ce que nous pensons, soit glorifié…
… Le Seigneur a rebâti Sion… Quiconque s’élève sera abaissé et quiconque s’abaisse sera élevé… »

Et pendant ce temps, le 126e

Après la bataille des frontières et la bataille de la Marne, de terribles combats se déroulent aux abords de Jonchery-sur-Suippe. 400 hommes du 126e RI vont perdre la vie…

Extrait du journal des marches et opérations du 126e régiment d’infanterie, 20 septembre 1914. © Ministère de la Défense – Mémoire des hommes, 26 N 685/7.

Extrait du journal des marches et opérations du 126e régiment d’infanterie, 20 septembre 1914.
© Ministère de la Défense – Mémoire des hommes, 26 N 685/7.

 

Shrapnel

Obus chargé de balles qu’il projette en éclatant juste avant de toucher le sol.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.