Jeudi 11 novembre 1915

Le petit soldat de 20 ans, revenu malade des , et qui repart pour la Serbie, vient me remercier parce qu’il a appris que c’était moi qui faisais les lettres de sa mère et qui lui envoyais quelques journaux. Brave et gai, il est aussi charmé d’aller se battre en Macédoine que d’être garçon d’honneur à une noce.
« On va finir d’éreinter les Bulgares », dit-il avec un rire qui montre ses dents de gosse sous une de ces moustaches juvéniles, un vrai « duvet de pêche ». « On ne marche pas fort en ce moment, mais vous verrez quand j’y serai ! » Je donne à ce brave qui paraît presque un « enfant de troupe » un passe-montagne achevé fort à propos.
« On m’en donnera peut-être un au dépôt, remarque le petit « bleu ».
– [Hé ?] bien, s’il est plus chaud, vous le prendrez et vous donnerez celui-là en Serbie à quelque camarade.
– Ah ! non, c’est celui-là que je garderai. Une dame m’avait donné un cache-nez ; avec la chaleur qu’il faisait, je n’en avais guère besoin ; mais je l’avais enroulé autour de mon corps, et même quand je crevais de chaud, je ne l’ôtais pas. J’ai perdu tout mon bagage sauf cela. »
J’ai pensé alors à un blessé qui conserve comme un reliquaire une boîte à biscuits que je lui ai donnée à l’hôpital. Quel[le] souffrance muette mais poignante de dire adieu à ces braves garçons qui vont si gentiment à la torture et à la mort probables.

 

 

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 979.

Carte postale. Archives municipales de Brive, 37 Fi 979.

Dardanelles (détroit des)

Le 19 février 1915, la flotte alliée bombarde les positions ottomanes à l’entrée du détroit des Dardanelles. C’est le prélude à un débarquement franco-britannique, le 25 avril 1915, qui se soldera par un échec coûteux en vies humaines.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2015.