Jeudi 2 novembre 1916

 

Temps sombre, comme voilé de crêpes. Dans l’église aux lourds piliers, aux profondeurs ténébreuses où l’ombre des voûtes de pierre est épaissie par la voûte de nuages qui la surplombe, rien que des ombres en prières, des femmes en noir tenant parfois sur leurs genoux un bébé en blanc.
Ces vivants en deuil s’ignorent en ce moment : ils sont avec les disparus, avec les menacés, les mutilés ; ma pensée va du vieil ami que la terre recouvrait l’an dernier à pareille époque à Paul C., à Louis M. et au petit Alphonse B. gisants gravement atteints sur des lits d’hôpitaux…