J’ai entrepris – tâche ardue et douce – d’enseigner la lecture, l’écriture et le calcul à une paysanne de 12 ans qui n’avait pu apprendre en plusieurs années d’école à connaître même les lettres ; et j’ai la joie de la voir épeler et compter un peu, et d’éclairer par des explications simples sur le ciel, la terre, les êtres, cette intelligence obscure. Le cœur d’ailleurs est bon et même délicat, si la tête est dure. L’enfant, ayant reçu un sou, a acheté des bonbons pour me les apporter. Les trois frères, qui sont à la guerre, expriment dans des phrases informes un patriotisme naïf et touchant.
À propos des abeilles et de la cire, Marissou m’a dit :
« Oh ! oui, il y a un cierge chez nous. Ma mère l’a acheté pour la première communion de mon frère Léon ; il a servi pour celle de Pierre, pour celle de Michel, et pour la mienne, et pour la mort de ma « pauvre » grand-mère et de mon « pauvre » père.
– Et vous l’allumez quand il tonne, Marissou ?
– Mademoiselle, il en brûle un peu tous les soirs, quand je prie avec maman pour mes frères. »