Jeudi 7 mars 1918
Premier jour des 300 grammes de pain. Le tambour, avant-hier, fut mal accueilli dans les carrefours.
« Le maire a l’honneur, etc.
– Dis au maire que nous l’em… »
Ce pain est noir, très lourd, fait on ne sait de quoi, seigle, orge, fèves, sarrazin, paille, balle, cendres ou sciure. Par exemple, il y a de l’imprévu, on ne sait de quoi sera le pain ou même si l’on en aura. Je pense à sainte Geneviève qui ne mangeait que deux fois par semaine et à saint Antoine l’ermite qui recevait du pain frais seulement deux fois par an. Cela me rend très raisonnable.
Il n’y a de vraie parenté que celle des âmes. Je ne renie point ma patrie, et mes compatriotes surtout, à l’heure du péril et de la souffrance, mais les âmes droites et fortes de tous pays, voilà les miens, ma gens. Pour ne pas être dupe, je reconnaîtrai seulement pour tels ceux que l’existence aura éprouvés.
Puissance satanique de l’Allemagne. Tout ce qui accroît cette puissance, accroît sa capacité de nuire, devient instruments de nouveaux crimes.
La Croix de la Corrèze, 10 mars 1918. Archives municipales de Brive, 8 S 1167.