Lundi 14 septembre 1914

Ovation à des officiers anglais (9 heures et demi du soir).

Enthousiasme, clameurs sur la place ? Pour émouvoir notre population plutôt apathique. Qu’est-il arrivé ? A-t-on une ville d’Alsace, remporté une victoire éclatante ? Ah bah ! Ce sont des officiers supérieurs anglais qui passent. Fleurs offertes.

Un convalescent monte l’escalier de l’hôpital. L’infirmière qui vient derrière lui remarque ses longs cheveux. « Pourquoi gardez-vous vos cheveux si longs ? C’est moins propre. » Le blessé rougit comme un petit garçon fautif.
« Personne ne sait les couper, il faudrait aller chez un coiffeur et… et on n’a pas toujours les dix sous qu’il faudrait.
– Vos parents ne vous envoyent donc rien ?
– Ça serait difficile. Je suis orphelin. »
Émue, l’infirmière vide sa bourse. Puis elle s’avise que le pauvre garçon n’a ni mouchoirs ni caleçons, rien de rechange, et quête tout cela pour lui.