Samedi 26 février 1916

 

Bataille de Verdun.
Toujours les alarmes, l’angoisse. Comment ne meurt-on pas de chocs pareils, répétés, et d’une si longue oppression ? J’ai peine à respirer. Serons-nous sauvés encore une fois ou succomberons-nous ? Toujours ce même atroce dilemme depuis dix-huit mois ; j’espère pourtant ; nos chances sont plus grandes qu’en septembre 1914. Dieu ne nous a pas sauvés alors pour nous perdre aujourd’hui… pourtant, la Serbie… Que d’enfants la France va perdre encore dans cette bataille ! Nous attendons des blessés qu’on ne pourra assez soigner, choyer… Mais tandis que nos défenseurs souffrent des tortures effroyables sous des rafales de mitrailles et de neige, il y a dans les grandes villes des conférences, des concerts, des représentations suivies. Il ne devrait y avoir pourtant que deux attitudes, en ce moment : pour les hommes, la lutte farouche acharnée jusqu’à la mort ; pour les femmes l’agenouillement devant le Dieu des armées, devant le soldat qui luttent, devant le blessé qui gémit, devant la tombe fraîchement fermée. Et c’est là seulement, dans l’action héroïque pour eux, dans la prière fervente pour nous, qu’est l’apaisement…

 

Réalisation des élèves de CM2, année 2013-2014, dans le cadre des « Petits artistes de la mémoire », à partir de la correspondance d’un poilu briviste, Alfred Delavallade.

Réalisation des élèves de CM2, année 2013-2014, dans le cadre des « Petits artistes de la mémoire »,
à partir de la correspondance d’un poilu briviste, Alfred Delavallade.