En quelques semaines, ils ont repris Przemyśl aux Russes qui l’avaient assiégé six ou huit mois. Reprendront-ils toute la Galicie ? Ce recul des Russes va, je le crains, prolonger la guerre et refroidir les balkaniques prêts à marcher avec nous.
Enfin, que nos alliés avancent ou reculent, qu’on nous aide ou nous laisse nous débrouiller, nous n’avons qu’une chose à faire, lutter pour la France et pour la Belgique, dussions-nous périr tous.
Du sergent Flameng, lettre avec détails effroyables. Avec deux autres sergents et cinquante hommes, il a été soutenir à Notre-Dame-de-Lorette une campagne décimée et dépeint ainsi les lieux : « Un charnier dans un chaos ; des morceaux de ruines et des trous pleins de cadavres. L’état-major tient conseil dans le cimetière, au milieu des tombes renversées et éventrées, ayant des cercueils pour pupitres. Nous avons dormi sur les morts. Puis nous sommes allés nous battre. Je reste seul avec onze hommes. »
D’autre part, le major D., en tournée d’inspection, annonce que la guerre durera trois ans encore. Me tournant vers plusieurs de mes élèves, jeunes filles et enfants présents à l’entretien, je leur dis : « En ce cas, commençons notre apprentissage militaire ; il y a un tir sur la Guierle, allons nous y exercer ; les femmes continueront la guerre et les enfants l’achèveront. »