Jeudi 5 juin 1919

Grève générale, à l’heure de la signature du traité de paix.

Le parti ouvrier français travaille merveilleusement pour le roi de Prusse. Une si effroyable méprise me réduirait au désespoir si je ne me rendais compte de plus en plus que je suis de ceux dont le royaume n’est pas de ce monde, si je ne voyais dans les plus sombres désastres une justice supérieure, oui, je ne suis étrangère à ceux, grands ou petits, qu’animent de brutales convoitises, je puis tomber dans la mêlée sans avoir cessé de planer au-dessus – les biens qu’on projette de s’arracher n’excite pas mon envie. Oui, ce qui se passe est-il l’aboutissement fatal des fausses directions données au peuple depuis un siècle et surtout depuis un demi-siècle ? Ceux qui ont prétendu le libérer de toute contrainte sont menacés, seront peut-être écrasés demain par son déchaînement. Lorsqu’éclate un tumulte inusité, j’écoute, je me dis : « Commence-t-elle ? »

Comme quelqu’un qu’on attend et qu’on croit entendre à chaque bruit, j’attends l’insurrection.

Le gouvernement qui choisit également cette heure pour troubler subitement les impôts fait lui-même le jeu de l’adversaire comme s’il était payé pour cela.