Samedi 13 janvier 1917

 

Les chefs socialistes nous donnent l’impression de travailler en sens inverse de nos soldats, de servir non la cause française mais l’ennemi. Quelques-uns donnent envie de jouer les Charlotte Corday.

Une chose curieuse, c’est de voir l’espèce de conscience mise par les canailles soudoyées par l’ennemi à bien accomplir leur tâche infâme, à gagner l’argent de la trahison, comme s’ils trouvaient dans ce zèle odieux un contrepoids à leur bassesse, une atténuation à leur crime.

On a signalé à  une famille  : grand-mère fatiguée, mère phtisique mourante, deux petites filles abandonnées par leur géniteur. Elle se hâte de vêtir les enfants, en haillons. De mon côté, je me renseigne et j’apprends que les petites cherchent leur nourriture dans les ordures ménagères ; l’aînée qui a plus eu le temps de souffrir est atteinte d’entérite tuberculeuse. Mme C. leur donne du pain ; le maire accorde des bons de lait ; l’orphelinat prend la petite de 5 ans encore vivace, et déjà débrouillarde ; la Société Saint-Vincent-de-Paul offre quelques bons de bois. La mère s’éteint, lég[u]ant, demi consciente, demi délirante ses petites à la belle demoiselle qui s’est penchée sur leur misère.

 

Marguerite Priolo-Gaillot (1890-1955)

Fille du docteur Prioleau, elle devient à l'âge de 19 ans reine du Félibrige limousin. Pendant le première guerre mondiale, elle s'engage comme infirmière à la Croix-Rouge de Brive.

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Besogneuse

Qui est dans la gêne, dans le besoin.