Mercredi 18 octobre 1916

 

Une société s’est fondée, qui s’efforcera de maintenir vivace dans les régions envahies le « Souvenir » des maux et des outrages subis du fait de l’Allemagne. Je souhaite que cette société fusionne avec le « Souvenir français » et s’étende à toute la France. Tous les glorieux mutilés de la guerre devraient en faire partie de droit, car ils sont le souvenir vivant et frappant du crime. Tant qu’on verra circuler de nombreux boiteux et manchots, on n’oubliera point. Il faudrait réunir parfois les mutilés, les décorer dans des cérémonies où ils auraient les premières places ; il faudrait que tous les arts répandent partout les images de la guerre ; il faudrait frapper tous les sens. C’est dans cinquante ans que le Souvenir risque de pâlir, de s’effacer et qu’il faudrait surtout le raviver.