Dimanche 29 octobre 1916

Visite d’un brave « demi-poil » (un soldat du front mais non de la ligne de feu) qui a lutté vigoureusement contre… les rats, les poux et les mouches.
« Tous les matins, dit-il, je suis forcé de les chasser.
– Les Boches ?
– Non les mouches. Il y a devant l’entrée de ma cagna un fumier grand comme la place de l’hôtel-de-ville.
– Pauvre Augias ! Il faut l’arroser de crésyl.
– Quelle vermine ! Plus on en tue, plus il en vient.
– Des Boches ?
– Non des mouches, des rats, des poux… Ah ! Qui sait quand on les aura !
– Les Boches ?
– Non, les rats… »
Thiaumont, Haudromont, Douaumont, toutes les hauteurs, les forteresses que les Allemands avaient mis trois mois et des centaines de mille hommes à conquérir, trois divisions des nôtres les leur ont reprises en une demi-journée. Oh oui ! nous sommes fiers et bien heureux de voir dégager Verdun ; mais nous ne ferons pas comme les Boches quand ils ont conquis Douaumont, des pavoisements, des démonstrations tapageuses. La souffrance, le péril, nous ont rendus profondément sérieux ; la victoire chez nous ne provoque pas l’ivresse ; c’est simplement un cordial qu’on savoure dans un silence ému et reconnaissant.