Samedi 10 avril 1915

Papa Bourdon est promu . Dans son théâtre de marionnettes, il a fait l’apprentissage de l’emploi et s’en tire remarquablement ; sa grosse voix et ses apostrophes dramatiques épouvantent les camelots et les paysannes. Guignol devenu commissaire, transformation cocasse !

Matin et soir, je me jette avidement sur les journaux mais, bientôt, agacée de tous leurs vains et maladroits racontars sur ce que nous ferons « sans doute », sur ce que feront « peut-être », l’Italie, la Roumanie, la Bulgarie, la Hollande… je jette au loin les gazettes et je retourne à quelque travail urgent. Acta non verba.

Toujours pour chaque famille le même calvaire : mobilisation, déclaration de guerre, départ, craintes, manque de nouvelles, pénible nouvelle.
Laurent a reçu au bras droit un éclat d’obus qu’on lui a extrait le 30 mars ; et nous apprenons l’accident le 10 avril par un de ses camarades, et nous savons seulement qu’on l’a opéré dans une ambulance du vaste front ; cette ignorance, cette impuissance sont terribles. Hier, j’ai envoyé au pauvre garçon, avec une lettre et un colis, un rameau de laurier bénit qu’il ne recevra peut-être point.
Chrétiens fervents patriotes. Le major Lalande, à force de démarches, s’est fait envoyer au front ; et , père de six enfants et dispensé de droit, vient de s’engager…

 

Une lettre de Brive

Brive,  carrefour ferroviaire, est un point de de passage régulier pour les renforts venant du Sud de la France. En ce jour du 10 avril 1915, Emile Moureu, soldat du 14e de ligne, originaire de Sauveterre-de-Béarn, profite d’une courte halte à la Gare de de Brive pour envoyer plusieurs cartes postales à sa famille. Sa correspondance, communiquée aux archives de Pau par sa famille, est mise en ligne progressivement sur le site http://emile-moureu-lettres-1915-1918.pireneas.fr

Un éclat d’obus

Éclats d’obus reçus dans la région frontale gauche par le soldat de 2e classe Eugène Cogne (1892-1992), du 2e régiment de tirailleurs algériens, le 25 juillet 1916 à Souville lors de la bataille de Verdun. Collection Jérome Grzybek (Grand Collecte Archives de Brive)

Éclats d’obus reçus dans la région frontale gauche par le soldat de 2e classe Eugène Cogne (1892-1992), du 2e régiment de tirailleurs algériens, le 25 juillet 1916 à Souville lors de la bataille de VerdunCollection Jérome Grzybek (Grand Collecte Archives de Brive)

 

Sergent de ville

Agent de police armé et chargé de maintenir l’ordre dans les lieux publics. Ce sont aujourd’hui les gardiens de la paix.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2015.

Antoine Lalande

Antoine Lalande a fait ses études à Brive, une première année de droit à Toulouse, et obtenu une licence et un doctorat de droit à Paris. Il entre aux Assurances générales de France. En postes à Lille, puis à Rennes et Nancy, il revient ensuite sur Paris. Il est le père du général André Lalande (1913-1995), Compagnon de la Libération : http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/543.html.