Mardi 11 avril 1916

 

Pour ceux qui luttent là-bas sur le front, c’est l’enfer ; pour nous, à l’arrière, anxieux, angoissés, profondément affectés de ce qu’on nous savons, redoutant ce que nous ne savons pas, c’est comme une agonie solitaire dans les ténèbres.

Cinquante jours de supplice… non, 617 jours.
En face d’autrui, j’affecte la tranquillité.
Des alarmistes, [de] retour de Paris – pourquoi revient-on ces temps-ci alarmiste de Paris ? – me disent :
« Dans un mois, les Boches auront envahi la France.
– Et le mois suivant, l’Angleterre ; et le troisième, les États-Unis…
– Vous avez l’air de rire, mais c’est un député qui m’a assuré cela…
– Pour tenir des discours si moches, il est donc payé par les Boches ? »
Mais seule avec mes réflexions, je me retrouve non abattue mais bien triste.

Histoire de bombes, de cinéma et de lions échappés.