Lundi 14 octobre 1918

L’épidémie croît sinon en virulence, du moins en fréquence. Au lycée de jeunes filles, sitôt après la rentrée, il y a eu trente cas ; deux pensionnaires sont mourantes… La pauvre fidèle bonne de Mme V. qui a pris le mal en soignant sa maîtresse, transportée à 5 h à l’hôpital, où on refusait de l’admettre à cause de l’encombrement et du manque de personnel, est morte à minuit. Souvent au cours en quarante-huit heures ou au retour d’un déplacement, on est enlevé. Deux, trois cercueils sortent parfois du même logis…

Il ne reste qu’un seul prêtre pour administrer la paroisse. Notre digne vieux curé a succombé à la peine, les jeunes vicaires sont à la guerre ; l’abbé O. a été trouvé sur une route à 2 km le crâne fracassé ; enfin, nous n’avons plus d’évêque.

Mais durant toute la guerre, un réconfort nous a toujours soutenus. Aujourd’hui, c’est la victoire, une série de victoires, des victoires quotidiennes, la délivrance du sol national – du sol seulement ce qui s’y élevait, les barbares l’ont détruit – et de ceux de nos frères esclaves qui subsistent encore.