Lettre écrite à notre filleul de guerre le prisonnier Albert Héry, par ma chère élève, Mimi Lafarge :
Brive, 21-4-16
Cher prisonnier et frère de guerre,
Je me réjouis d’être désignée aujourd’hui pour vous écrire et voici la double cause de ma joie : d’abord la pensée de vous donner un peu de consolation en vous parlant de la France ; ensuite, de vous exprimer ma sympathie. On dit que vous êtes souffrant ; pour cette raison nous sommes deux fois frères, car moi aussi, je suis malade. Je vis souvent seule et il m’arrive bien des fois de penser à ceux qui, comme moi, souffrent dans la grande famille humaine que nous formons. Alors mon cœur s’émeut à la pensée des chers lointains et comme mon espérance est au-delà de ce monde, je prie Dieu qu’Il donne à tous forces et courage ; et unissant ma souffrance à celle de son fils Jésus, j’offre ma vie pour le soulagement des malheureux. Ainsi donc, cher frère de guerre, vous aurez désormais une pensée de moi tous les jours. Voici ce qu’on me dit de vous annoncer : du pain de régime, du lait concentré, du pain d’épice, du sucre et des rameaux bénits. C’est la coutume chrétienne de faire bénir des branches d’olivier ou de buis en souvenir du jour où le Fils de Dieu entra dans Jérusalem, où le peuple témoigna sa joie de le voir en semant ces branches sur son passage. Que ces rameaux vous parlent de la France et consolent votre cœur de l’exil. C’est notre désir que vous soyiez fort, patient. Bonne santé ! Donnez autant que possible de vos nouvelles et recevez mon souvenir fraternel.
Marguerite Lafarge