Vendredi 4 août 1916

 

Nouvelles.
a décidément perdu l’usage d’un œil, d’une oreille. Il reste mutilé, défiguré et ne peut manger qu’à l’aide d’un appareil.
M. Jondot a un éclat d’obus dans les méninges et reste paralysé d’un côté ; le fils Parelon est au Val-de-Grâce, la mâchoire brisée et ne s’alimente qu’avec des liquides.

Débuts auprès de l’enfant terrible. Dès que celui-ci ouvre la porte de sa chambre, son compagnon, un superbe caniche noir, se jette sur moi et manifeste l’intention de me mettre en pièces. J’oppose au chien le calme inébranlable que j’avais préparé pour l’enfant. Cette contenance résolue ne m’a pas desservie auprès de mon élève. La leçon s’est très bien passée. Le jeune garçon n’est pas, comme je l’appréhendais, inerte, incapable de s’intéresser ; son regard annonce une vivacité qui doit aller par moment jusqu’à la frénésie. Y a-t-il à l’origine quelque atavisme inquiétant ? Mais je préfère un démon à un apathique. Je m’arme d’un sang-froid bienveillant.

 

Martial Ribes (1886-1970)

Martial Ribes est le fils du sculpteur sur bois Vincent Ribes (1851-1920), qui exerça à Brive à la fin du XIXe siècle.

Dans sa jeunesse, Martial Ribes s’initie à la sculpture et travaille avec son père. Mais, durant la première guerre, le 29 mai 1916, grièvement blessé, il est réformé et les séquelles l’empêchent d’exercer son métier de sculpteur. Plus tard, il intègre le Trésor public.

Vincent Ribes en famille, avec à sa droite son fils Léon-Marcel, et à sa gauche, sa seconde épouse Jeanne-Louise Borne et son fils cadet Martial (Doc famille Martinot)

Vincent Ribes en famille, avec à sa droite son fils Léon-Marcel, et à sa gauche, sa seconde épouse Jeanne-Louise Borne et son fils cadet Martial (Doc famille Martinot).

Nous remercions Madame Maryse Chabanier.

Pour en savoir plus : CHABANIER (Maryse), "Martin Vincent Ribes et l'histoire d'un panneau de bois sculpté" dans Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, t. 136, 2014, p. 115-137.