Vendredi 18 août 1916

 

À la , comité de secours aux prisonniers de guerre.
Je vais pour surcroit de garanties faire apposer le timbre du comité sur un colis. C’est une employé[e] qui me reçoit, une grande belle fille aux tresses blondes, qui, malgré son corps plantureux, a de jolis traits fins et un air doux que la souffrance a seulement anoblis.
« Vous êtes du Nord, n’est-ce pas ?
– Oui, d’Avesnes. Je me suis réfugiée ici avec une cousine. Mon père, ma mère, ma grand-mère sont restés là-bas et nous sommes sans nouvelles les uns des autres depuis deux ans.
– Vous n’avez pas de parents à l’armée ?
– Un frère, disparu depuis août 1914 ; un oncle qui est resté sous les ruines du fort… à Maubeuge, et un cousin, prisonnier en Pologne, qui meurt de faim ; nous nous privons pour lui envoyer quelques colis. Il est d’une anémie incroyable.
– Ma pauvre enfant, quels périls, vous avez évités en fuyant.
– Oh oui ! madame ! Des rapatriés et des prisonniers évadés, nous l’ont dit. Les Boches continuent de violer les femmes ; ils entrent chez elles et les prennent de force. Des quantités sont enceintes. Que diront leurs maris ? Ce n’est pourtant pas leur faute à ces malheureuses. Si vous saviez avec quelle hâte on a fui. On nous rassurait au lieu de nous prévenir. Je n’avais pas une chemise de rechange. Une mère a emporté son enfant dans un édredon sans le vêtir, parce qu’une autre passait en criant : « Mon petit ! Mon petit ! Ils lui ont coupé les mains ! » »

 

Croix-Rouge

La Croix-Rouge a été fondée par le Suisse Henri Dunant en 1864. Durant la Grande Guerre, la Croix-Rouge française est l’auxiliaire du service de santé des Armées. Elle est à l’origine de la création de près de 1 500 hôpitaux auxiliaires et a mis à disposition 68 000 infirmières diplômées.

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2015.