Lundi 14 août 1916

 

« L’effroyable explosion de cette guerre a fait tomber les masques. Aux lueurs fulgurantes des fusées, des obus incendiaires, des acides enflammés, les laideurs apparaissent plus laides et les beautés plus belles. L’immense embrasement de la lutte jette sa clarté crue aux profondeurs des âmes. La France n’a rien à redouter, car si cette lumière éclaire quelques lâchetés, elle fait resplendir d’innombrables héroïsmes. »
À la lueur de cet incendie mondial, j’ai vu clairement l’humanité, ses myriades d’Adams et d’Èves infortunés et coupables, ses légions d’Abels et de Caïns ; ses bons imagiers qui s’efforcent de rendre à l’argile humaine la beauté de l’œuvre divine et se rapprochent du modèle en revêtant la forme du héros, du saint ou du martyr ; et ses iconoclastes, despotes sanguinaires, lâches bourreaux, qui détruisent en eux toute ressemblance avec le Créateur ; enfin, les stagiaires du Ciel et ceux de l’Enfer.
J’ai vu clair en moi aussi, pauvre petite fille d’Ève, étonnée qu’on soit tous ensemble dans sa famille si noble et si infâme.
Ayant peine à croire qu’elle appartient à cette étrange humanité, se sentant de plus en plus d’un autre monde d’où le mal est absent ; découvrant que la  a écarté d’elle la plupart des liens qu’il distribue aux plus grand nombre et cela sans doute pour qu’elle marche plus librement vers la vraie patrie des hommes de bonne volonté, qu’elle y monte le long de la voie douloureuse, ardant parfois ceux qui tâtonnent autour d’elle.

 

Providence

Le terme désigne Dieu « en tant qu’ordonnateur de toutes choses ».

Texte rédigé par les élèves de seconde du lycée Cabanis lors d’ateliers aux archives municipales de Brive en 2014.