Dimanche 13 août 1916

 

Mourants. Pour faire pendant à Mme Botrel qui meurt en disant : « Je vous enverrai la victoire. »
Le père Betille, un martyr amputé des pieds, puis des jambes et vainement disputé à la gangrène, dans un délire final, dit à sa femme, debout à son chevet :
« N’est-ce pas qu’on les aura ?
– Oui, mon ami.
– Ah ! ces misérables, ces bandits ! Attends, que j’en démolisse un, puis un autre. »
Et l’agonisant en lutte avec la mort croit combattre les Allemands et lance au hasard des coups de poing dans le vide.
L’actuelle idée fixe des vivants hante les moribonds jusqu’à leur dernier souffle.