Lundi 12 août 1918
Après avoir été sauvés de beaucoup de périls, nous le serons aussi j’espère de l’orgueil. Nous nous souviendrons qu’il y avait une part de vérité dans les accusations de nos ennemis et que nous avons à réparer nos torts envers nous-mêmes ; nous nous rappel[l]erons qu’assez nombreux et puissants pour donner l’Europe sous Louis XIV et Napoléon Ier, nous n’aurions sans doute pu tout seuls résister à l’Allemagne au XXe siècle. Trop justes pour vouloir asservir les autres, mais doucement fiers de notre part de gloire et de vertu en ces jours mémorables, nous devons simplement nous estimer, nous respecter nous-mêmes et restés grands par le génie et le courage militaires, restaurer et renforcer toutes les autres formes de notre grandeur.
Dans les derniers jours du XIXe siècle, à Rome, après un banquet qui réunissait un grand nombre d’Allemands et plusieurs notabilités politiques italiennes, Mommsen s’écriait : « Je bois à l’alliance de deux grandes puissances définitivement reconstituées et qui, s’il le faut, sauront combattre unies entre elles pour sauvegarder leurs droits reconquis. Mais qu’ont-elles désormais à craindre de leurs voisins jaloux ? La France n’est plus qu’un vain mot : nation déchue, peuple mort… »
Pauvre fat pédant ! Contente-toi du passé où tu interprètes à ta guise des textes effacés ; ne te fie même pas au présent ; crains surtout d’être mauvais prophète. Combattre unies ? Non, l’une contre l’autre. Un voisin jaloux, la France libératrice ? Un peuple mort, celui de la Marne et de Verdun ? Laisse parler ton âne, Balaam.
Agents allemands contraints de dire le contraire de ce qu’ils voudraient.