Vers dix heures, chaque soir, un train de permissionnaires entre en gare. Les soldats se répandent sur les quais, s’ébrouent, se dégourdissent les jambes, se taquinent, s’amusent comme des « gosses ». Apercevant les curieux sur la passerelle qui enjambe les voies et domine la gare, ils les apostrophent :
« Vous en faites pas !
– On les aura ! »
Un loustic, renchérissant, conclut : « Vous en faites jamais ! »
L’infirmière major de Verdun.
La voie ferrée de Bar-le-Duc est coupée. On ne peut évacuer Verdun. On se réfugie dans la troisième crypte de la cathédrale ; la première est détruite. Incendie de la manutention ; l’évacuation. Des pères de famille recommandent leur femme, leurs enfants ; des fils leurs vieux parents. On sent l’impossibilité de faire ce qu’ils demandent.
Le fils de l’infirmière, en pension à Jersey, est un garçon terrible ( ?). Les pères jésuites n’ont pu le dompter ; il ne veut rien faire. Voudrais-je essayer de le faire travailler pendant les vacances ? Je réfléchis rapidement : la tâche est dure ? Mais quoi, peut-on avoir peur d’un enfant de 13 ans ? C’est le fils d’un officier en ce moment grièvement blessé à l’hôpital et d’une infirmière. Je dois faire pour lui, pour eux, ce que je pourrai… De tout cœur, je m’occuperai du petit rebelle.