Mardi 3 avril 1917

 

Des évé[ne]ments, des circonstances tragiques me rappellent des scènes riantes. Qu’on cite à propos d’un terrible combat, le général de Maîstre, je revois un grand parc hivernal où sous le commandement du Général, une turbulente troupe de cousins et de cousines fait la petite guerre à coups de boules de neige et bombarde un colosse blanc ; que j’apprenne les détails de la mort héroïque du comte de Robien, je me retrouve dans un salon du faubourg Saint-Germain où les charmantes demoiselles de Robien en robes de soie écossaise, blanche, verte et cerise apprennent avec leurs cousines d’Armaillé et leurs amies la danse et la révérence. Tandis que les danseurs glissent, dirigés par le professeur, le comte de Robien apparaît un instant dans l’encadrement de la porte, jouit du coup d’œil et s’éclipse.
Combien tous les souvenirs du temps de paix semblant lointains après ces trois ans de guerre qui paraissent si longs et qui donnait un aspect de rêve à notre existence précédente !