Jeudi 5 avril 1917

 

Longue causerie avec le lieutenant C. Il n’admet pas qu’on se plaigne. « Six francs un litre de miel ? Vu le prix et la rareté du sucre ce n’est pas excessif. Qu’est-ce que vous diriez si vous étiez à Rouen où l’on paye un poireau 1,50 F ou bien à Paris où le kg de pommes de terre vaut 1 F… Deux mille obus, ce n’est rien, il n’y a pas là de quoi tuer un chat. Verdun en a bien reçu 500 000… Les dégâts, oh mon Dieu, ce n’est pas la peine d’en parler tant il ne s’agit pas d’un 210 au moins. Certainement il va y avoir disette… On fera comme les poilus sous un tir de barrage : on passera un jour sans manger. Les civils sont bien tranquilles. Les soldats ? Ils se débrouillent dans l’eau, dans la boue ; ils arrivent à s’installer très bien. On est bien partout, sauf peut-être dans les tanks. Et encore… »