Mardi 9 juillet 1918

Trop d’hommes, de poilus surtout, et même q[uel]ques femmes ou plutôt femelles ont le nez rouge. Imposer la carte de vin serait salutaire aux buveurs et au pays.

Jacquot qui considérait une bande de poivrots m’a dit sérieusement :

« Pourtant, le vin ne devrait pas faire mal, puisque c’est le sang de Jésus-Christ !

– Dans l’Eucharistie seulement, Jacquot…

– Ah !… »

Un nez rouge, c’est pour un homme comme une lanterne rouge pour une maison un indice peu honorable.

 

Si nous sommes sauvés cette fois, la défiance et la détestation des Allemands sera tellement une nécessité vitale pour nous dans l’avenir que nous recueillons avec soin chaque motif de rancune qu’ils nous fournissent comme s’il n’y avait pas déjà de quoi suralimenter l’aversion la plus forte.

 

Point d’allumettes d’essence de briquet. Faudra-t-il aller chercher un silex dans une grotte préhistorique ? Recherches – le marchand rémois.