Mercredi 17 juillet 1918
Jamais, même à la fin d’août 1914, nous n’avons été en si grand péril. Alors, on manquait d’armes et de munitions. Aujourd’hui, nous manquons d’hommes. Et cela ne s’improvise pas. On a fait donner les noirs à Compiègne parce qu’on ne pouvait faire autrement.
Angoisses effroyables !
Comme des naufragés qui se demandent : Allons-nous périr ? Cette vague qui s’avance est-elle celle qui va nous engloutir ?… Serons-nous sauvés ?… Nous coulons. Non, la barque à demi démolie tient encore… mais que de cadavres, combien peu de survivants… Nulle voile à l’horizon… et l’abîme s’ouvre… O Dieu, aide-nous ! Tu sais bien que nous montons le bateau de sauvetage, que nous nous sommes lancés sur la mer tempétueuse en entendant crier au secours !