Dimanche 17 février 1918
Voici le butin de guerre d’un officier français : il ne consiste pas en bijoux et en robes de dentelles volés à quelque châtelaine, ou en objets de piété soustraits dans une église ; c’est le nœud, puis la rosette de la Légion d’honneur… Et la pension qui y est attachée, il la consacre à de bonnes œuvres. Me voyant, moi, petite-fille de légionnaire, éprouvée par la maladie et la mort des miens, ne me supplie-t-il pas – au nom de Dieu – d’accepter cette part de guerre payée de son sang versé par trois fois ? Un événement malheureux, des propos malveillants ont arrêté sur mes lèvres l’acceptation que j’allais simplement formuler. Deux jours, j’ai hésité à repousser sa prière, mais je sentais qu’il fallait refuser. Mon refus si doucement exprimé le sera-t-il assez ? Je crains d’avoir blessé ce généreux soldat et j’en éprouve une peine amère. L’amitié qui s’offrait, se fortifiait, osera-t-elle se manifester encore ? La rigueur de la vie heurte deux sympathies comme si c’étaient des animosités.
Des soldats tout jeunes, de ces enfants de troupe que la guerre force de transformer en défenseurs de la nature jouent au foot-ball (sic). Un officier américain les regarde en connaisseur. Arrêt de jeu : le ballon usagé s’est décousu. Un des joueurs, entouré par les autres, tente de le recoudre. L’officier américain a disparu. Un moment après, il revient portant sous le bras un ballon neuf qu’il pose sur le terrain en disant : « Cadeau. » Un des équipiers s’avance alors et remercie en anglais le donateur. Venu pour établir un foyer du soldat américain, celui-ci promet bon accueil aux Français.