Belges et Français ne font plus qu’un. Dans des locaux déjà pleins de mobilisés, on a trouvé le moyen de caser les mobilisés belges. Et toujours il arrive de nouveaux réfugiés qu’on disperse dans les environs. Parmi ces soldats et ces réfugiés, tous ne sont pas contents et se plaignent du couchage et de la nourriture. Évidemment, on devrait faire plus pour eux. Mais ce sont les fonctionnaires, les autorités qui s’occupent d’eux ; ils n’ont avec ces pauvres gens que des rapports administratifs, c’est-à-dire presque machinaux, se montrent tatillons. Que de fois j’ai trouvé les représentants de l’État [illisible], tyranneaux, arrogants. Généralement, quand un homme devient fonctionnaire, il devient un peu Prussien.
On se repasse le mépris.
La population, qui depuis la guerre de Cent Ans n’a plus souffert, manque aussi d’élan, de générosité, n’ouvre pas facilement sa bourse, son cœur et sa porte.
Nos amis liégeois, les Thonet, qui commençaient de reprendre pied, sont hors d’affaire : le mari entre à la où il gagnera 11 F par jour. J’en suis toute réjouie ! La pâleur et la maigreur de la souffrance avaient peine à disparaitre du visage de leurs enfants.
Manufacture d’armes de Tulle
Créée à la fin du XVIIe siècle, elle fait partie des plus anciennes manufactures d’armes de France. Durant la première guerre mondiale, elle fabrique des fusils modèle 1886 dits « fusils Lebel » et répare les affûts du canon de 75. Pour répondre à l’effort de guerre, les effectifs sont augmentés – ils passent d’un peu plus de 800 employés au moment de la mobilisation à 4 683 en 1917 –, un nouveau dispositif horaire est mis en place afin que la production soit constante et plus de 40 000 m2 d’ateliers supplémentaires sont construits.